Le choix du matériau d’empreinte constitue une des étapes fondamentales de la chaîne prothétique. L’obtention d’un modèle de travail fidèle et fiable est directement liée à la capacité du matériau à enregistrer une situation clinique établie. La précision dimensionnelle et la définition des états de surface sont subordonnées aux procédures cliniques, aux comportements des matériaux, et aux modalités de traitement de l’empreinte. Concernant les matériaux d’empreintes, nous vous proposons dans cet article de revenir sur les principaux paramètres qui régissent l’étalement du matériau lors de sa phase plastique.
La Mouillabilité
Elle caractérise la capacité des fluides (matériaux d’empreintes) à s’étaler sur un solide (la dent préparée). Elle dépend des énergies de surface du matériau et du substrat sur lequel il est appliqué et ne dépend donc pas uniquement des propriétés du matériau mais aussi de l’état de surface du substrat est de son degré d’humidité. L’humidité du substrat favorisera l’étalement d’un matériau hydrophile tandis qu’elle limitera celui d’un matériau hydrophobe.
La Viscosité
C’est la résistance qu’oppose un fluide à son écoulement. La viscosité a une influence sur la vitesse d’étalement mais, contrairement à l’idée reçue, ne modifie pas l’aptitude au mouillage uniquement. Le choix des viscosités à employer doit se faire en fonction de la technique d’empreinte retenue, elle-même déterminée par la situation clinique.
L’empreinte DOUBLE MELANGE
Pour éviter le tirage, il est indispensable d’insérer progressivement les porte-empreintes afin de respecter la cinétique d’étalement du matériau le plus visqueux. Les viscosités des deux matériaux utilisés ne doivent pas être trop éloignées pour conserver une cohérence entre les cinétiques des étalements. On préférera donc associer un PUTTY SOFT en pâte ou un HEAVY en cartouche à un REGULAR plutôt qu’un PUTTY HARD à un SUPER LIGHT.
L’empreinte WASH-Technic
Même si un léger tirage sur le matériau de haute viscosité peut être toléré, l’insertion progressive du porte-empreinte lors du premier temps doit permettre de l’éviter. Cette insertion devra être d’autant plus progressive que le matériau sera visqueux.
Contrairement à la technique précédente, les viscosités employées successivement doivent être très éloignées ; le PUTTY doit être très rigide pour supporter les contraintes de désinsertion successives, et moins le fluide sera visqueux, plus il aura la capacité de s’écouler rapidement entre l’empreinte primaire et les dents à enregistrer.
Ajoutée à la mise en dépouille de l’empreinte issue du premier temps, la réalisation des évents en regard de la préparation aura pour but de faciliter l’écoulement du matériau de surfaçage afin d’éviter le tirage. Cependant, certains matériaux extrêmement fluides ont la capacité de s’écouler sans tirage en absence des évents.
La THIXOTROPIE
C’est la capacité pour un fluide de voir sa viscosité diminuer lorsqu’il est soumis à une pression. Les 2 principales applications cliniques de cette propriété en rapport avec le phénomène de tirage sont :
- La courte mais très forte pression qu’il est indispensable d’exercer lors du 2ème temps pour une empreinte « WACH-TECHNIC »,
- La préférence accordée à un porte-empreinte perforé pour réaliser une empreinte en double mélange associant un PUTTY et un matériau plus fluide.
La COMPRESSION
Elle est nécessaire au moment de l’insertion du porte-empreinte. Plus la viscosité du matériau employé augmente, plus la capacité à envelopper spontanément des zones de contre-dépouille diminue, d’où la nécessité d’exercer une pression grâce au porte-empreinte pour forcer le matériau à s’étaler sur les surfaces à enregistrer sans tirage. Cependant, l’excès comme l’insuffisance de compression peuvent provoquer du tirage.
Le temps de travail et le temps de prise
Ce sont deux paramètres dont le respect est indispensable à plus d’un titre. Les liens entre le non-respect de ces temps et l’apparition du phénomène de tirage sont de trois ordres :
Insertion tardive de l’empreinte en bouche
Le temps de travail a été dépassé, ce qui revient à réaliser une empreinte avec un matériau qui n’est plus totalement plastique.
Désinsertion prématurée de l’empreinte en bouche
Le temps minimum avant désinsertion n’est pas atteint, ce qui revient à désinsérer une empreinte qui n’est pas encore totalement élastique.
Décalage entre les cinétiques de prise des différentes viscosités lors d’une empreinte en un temps
Ce phénomène est provoqué par :
- L’utilisation de matériaux dont les cinétiques de prise sont différentes,
- Ou par une mauvaise chronologie dans la réalisation de l’empreinte lorsque l’empreinte nécessite l’injection du matériau fluide en bouche.
Conclusion
La réalisation d’une empreinte de qualité est très « opérateur dépendant ». Cependant, le respect de quelques principes visant à assurer la cohérence entre la situation clinique, la technique d’empreinte, les matériaux utilisés, l’association entre les viscosités et le type de porte-empreinte, ainsi qu’un minimum de rigueur dans les manipulations doit permettre de limiter l’incidence, et même de faire disparaître le tirage.
Par
Dr BAKAL Rachid, praticien privé, Casablanca, Maroc,
Equipe scientifique LEARNING.DENTAL